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tiques ou de toute autre branche. Elle est obligatoire pour tous.

J’ai vu en Allemagne le professeur de grec être en même temps professeur de gymnastique, et il me semble que c’est d’un bon exemple.

L’insuffisance de notre éducation physique me paraît constituer un danger inquiétant pour l’avenir de notre race[1]

Tout cela est fort juste, mais les exercices physiques ne constituent qu’une très faible partie de l’éducation. On peut faire des hercules avec de bons exercices gymnastiques, mais je ne vois pas très bien en quoi ces exercices développeront beaucoup les qualités que doit cultiver l’éducation : initiative, persévérance, jugement, maîtrise de soi-même, volonté, etc.

On peut juger à quel point les idées des universitaires sur l’éducation sont confuses, en examinant le programme de réformes proposé par M. Payot devant la Commission. C’est le seul d’ailleurs qui ait été formulé avec quelques détails.

Si vous voulez me permettre d’énumérer les conditions nécessaires pour former les volontés énergiques et persévérantes dont le pays a besoin, les voici, à mon avis :

1° Il faut considérablement réduire le temps de-la sédentarité. Il faut que les élèves passent beaucoup de temps au grand air, qu’ils s’amusent au soleil ;

2° Il faut lutter contre le préjugé anglais et contre la faveur accordée aux exercices violents ;

3° Il faut substituer partout aux méthodes passives héritées des jésuites et qui dominent encore notre enseignement, les méthodes qui provoquent l’activité d’esprit des élèves, qui développent leur esprit d’observation, leur jugement, leurs facultés de raisonnement ;

4° Il faut donner aux idées directrices de la vie morale et aux sentiments moraux une force, une cohésion qui ne peut être que l’oeuvre lente et patiente de tout le personnel d’un collège,

  1. Enquête, t. I, p. 340. Boutroux, de l’Institut, professeur de philosophie à la Sorbonne.