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Il ne serait peut-être pas mauvais que des hommes chargés d’instruire la jeunesse, de l’élever, au sens le plus complet et le plus noble du mot, étudiassent ce que c’est que la jeunesse, par quels procédés, depuis qu’on élève des enfants, on les a élevés, quels ont été les meilleurs de ces procédés, comment on s’y est pris pour enseigner telle ou telle science, pour en tirer le plus grand profit possible, comment on s’y est pris pour former les caractères, les cœurs des jeunes gens, en un mot pour préparer des hommes. Or, cela, je suis bien obligé de dire qu’on ne l’apprend pas. La plupart d’entre nous, pour ne pas dire tous, que nous ayons passé par l’École Normale ou par une Faculté, ou que nous nous soyons formés seuls, nous avons, au cours de nos études, appris beaucoup de choses, sauf la façon de les enseigner. On nous a jetés brusquement dans le torrent de l’enseignement en nous laissant nous débrouiller.

Les réformes proposées ont presque toutes surpris la majorité de l’opinion publique universitaire habituée à certaines méthodes, elle s’est trouvée malhabile à s’accommoder de méthodes nouvelles. Telle est la raison essentielle de l’échec de ces réformes, et toutes les modifications qu’on pourra imaginer d’apporter dans l’enseignement secondaire risqueront toujours de rester lettre morte, tant qu’on ne se préoccupera pas d’abord de préparer un personnel qui les accepte volontairement, les comprenne bien et les applique[1].

Rien n’est plus juste que ces dernières lignes. On ne saurait trop répéter qu’il n’y a pas de réformes possibles tant qu’on n’aura pas donné aux professeurs une éducation tout autre que celle qu’ils reçoivent aujourd’hui. L’auteur de la déposition précédente est un des bien rares universitaires qui l’aient compris.

§ 2. — LES RÉPÉTITEURS.

Le répétiteur n’a guère d’autres fonctions que la surveillance des élèves. En relation constante avec ces derniers, il pourrait rendre à l’enseignement d’immenses services, car il est le plus souvent très

  1. Enquête, t. II, p. 627. Jules Gautier, inspecteur d’Académie.