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sitaires pour les doctrines révolutionnaires les plus avancées.

Un écrivain qui a longtemps appartenu à l’Université a très bien marqué ces causes de l’antipathie des professeurs pour la société, et surtout pour l’armée, dans les lignes suivantes :

Quelques professeurs détestent l’armée par jalousie plus que par politique.

Chez les membres de l’Université, l’éducation première n’est pas toujours au niveau du savoir acquis. C’est par les honorables et modestes fonctions de l’enseignement que beaucoup d’enfants du peuple font leur entrée dans la bourgeoisie. Ils s’y trouvent d’abord un peu dépaysés. Munis de leurs diplômes, ils se jugent très supérieurs au monde qui les entoure.

Si leurs manières un peu gauches, leurs vêtements dépourvus d’élégance ne leur assurent pas dans la haute compagnie des petites villes la place qu’ils estiment due à leur mérite, ils rendent, au fond de leurs cœurs froissés, les dédains au centuple. Ils jurent une haine mortelle à la société futile ou ignorante qui les tient si injustement à l’écart.

Ainsi s’expliquent les opinions révolutionnaires de certains professeurs.

Au contraire, l’officier, avec son brillant uniforme, est partout accueilli, recherché, fêté. Il orne les salons de la préfecture, il participe aux grandes chasses, aux aristocratiques réunions.

Par surcroît, le décret de messidor lui assigne dans les cérémonies la préséance sur les professeurs des lycées.

Que fait-on de l’adage « Que les armes passent après la toge ? »

Il y a de quoi gonfler de venin et faire crever de dépit les amours-propres vulgaires[1].

Et malheureusement la considération que l’universitaire n’obtient pas dans le monde, il ne l’obtient pas beaucoup plus dans l’Université, qui ne voit en lui qu’un fonctionnaire subalterne qu’on peut rudoyer à son gré. M. de Coubertin a très bien marqué dans les lignes suivantes la situation actuelle des professeurs de notre Université.

  1. H. des Houx, Figaro, 1er décembre 1901.