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c’est l’insuffisance d’éducation extérieure de beaucoup d’entre eux. Cette absence d’éducation et ses causes ont été sobrement indiquées devant la Commission.

Chacun connaît la principale raison pour laquelle nombre de familles se portent de préférence vers l’enseignement libre ; — c’est qu’elles croient y trouver plus de garanties, non pas assurément pour l’instruction, mais pour l’éducation. Cela seul, à mon sens, indique dans quelle voie on doit chercher à améliorer l’enseignement public. Les professeurs et les maîtres d’étude offrent assurément toutes garanties au point de vue de l’enseignement et de l’instruction, mais peut-être n’en offrent-ils pas toujours autant au point de vue de l’éducation[1].

Aujourd’hui, nous recrutons encore nos candidats dans les couches profondes de la démocratie ouvrière ou rurale.

Nous recevons des fils d’ouvriers, de paysans, surtout des fils d’instituteurs, qui nous arrivent après avoir pu faire, grâce aux secours des municipalités et de l’État, leurs études dans les collèges, puis dans le lycée du département, pour les terminer dans les lycées de Paris[2].

Sortis de couches fort modestes, où naturellement l’éducation laisse un peu à désirer, les jeunes professeurs n’ont pas trouvé dans le milieu universitaire les moyens de réparer les lacunes de leur éducation première. Ils ne connaissent rien du monde, où ils sont brusquement lancés, et ils y restent trop souvent dépaysés.

Cette raison d’origine ne suffirait pas à expliquer le défaut d’éducation et de tenue qu’on reproche trop souvent aux universitaires puisque l’enseignement congréganiste recrute ses professeurs dans des couches sociales tout aussi modestes. Mais les congréganistes ont toujours attaché une importance très

  1. Enquête, t. I, p. 150. A. Leroy-Beaulieu, de l’Institut.
  2. Enquête, t. I, p. 139. Perrot, de l’Institut, directeur de i’Écote Normale Supérieure.