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vention à l’État ; en 1870, 19 ; en 1871, 12 ; en 1872, 11 ; en 1873, 10 ; en 1874, 1875, 1876, 3 ou 4. Aujourd’hui, tous sans exception doivent être subventionnés[1].

Et à quoi tiennent ces frais énormes ? En voici les raisons principales : d’abord le luxe entièrement inutile des lycées. Les architectes actuels croient devoir bâtir somptueusement ces casernes. Tout est en façade — comme l’enseignement universitaire — mais ces façades se paient très cher. M. Sabatier[2] a fait remarquer que le lycée Lakanal, qui compte cent cinquante élèves, revient à une dizaine de millions. Le logement de chaque élève revient à 750 francs. Pour le même prix, on aurait pu donner à chacun d’eux une petite villa et un jardin suffisants à le loger lui et ses parents.

Ceci est une première raison, mais il en existe bien d’autres. Le règlement étant uniforme pour tous les lycées, les frais sont partout égaux. Alors même qu’il n’y a pas d’élèves, on nomme des professeurs.

Je pourrais citer tel collège qui coûte 20.000 francs à la ville et qui compte un élève en rhétorique, un en deuxième, deux en troisième et quatre en quatrième. En tout, 60 élèves dans les petites classes[3].

Quand on voit, dans le budget d’un petit lycée, qu’une classe de sixième, qui compte quatre élèves, a un professeur agrégé au traitement de plus de 5.000 francs, on peut se demander s’il ne serait pas possible de trouver là une économie[4].

Dans le même lycée, le professeur de cinquième, également agrégé, a cinq élèves. Les exemples analogues sont fréquents. Il serait difficile d’imaginer un plus complet gaspillage.

  1. Enquête, t. II, p. 530. Moreau, inspecteur général des finances.
  2. Enquête, t. I, p. 201.
  3. Enquête, t. II, p. 625. Grandean, représentant de la Société nationale d’Agriculture.
  4. Enquête, t. II, p. 533. Ribot, président de la Commission d’enquête.