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l’Italie, puis de nouveau se rend à Vienne et s’y fixe jusqu’en 1803, C’est alors que Viganô fait représenter Les Hommes de Prométhée, médiocre ballet où l’on reconnaît la première idée de son célèbre drame chorégraphique Prométhée et dont le meilleur titre de gloire est d’avoir valu à Beethoven la commande d’une partition. A Vienne il compose également / giochi Istmici, Il Noce di Benevenio et plusieurs autres ballets. Jusque-là rien de très nouveau n’apparaît dans les créations de Viganô Ce sont des ballets allégoriques ou mythologiques à la mode française. L’action en est toujours dansée à la différence des ballets historiques alors en vogue dans lesquels la pantomime était « marchée » et non exécutée en cadence. Le génie de Viganô éclats pourtant déjà aux yeux des contemporains qui admirent la parfaite mise au point, la réalisation minutieuse des détails, l’art incomparable des groupements et des mouvements de masses. Carpani qui, dans une lettre du 12 décembre 1804, se plaint de l’obscurité excessive des allégories imaginées par Viganô, parle de lui comme d’un homme de génie (1).

C’est en 1804 que Viganô fit ses débuts à Milan. Dans Coriolan, il sacrifia dans une large mesure la danse proprement dite à la pantomime. La harangue muette de Coriolan fut entendue de tous les spectateurs et de ceux-là mêmes qui ne suivaient pas l’action sur le libretto, sans lequel il eût été impossible de rien comprendre aux ballets historiques des Clerico, des Onorato Viganô, des Angiolini, des Domenico Rossi et des autres chorégraphes italiens de ce temps.

Au cours des années suivantes, Viganô fit représenter Gli SpagmtoU air isola Cristina dont le tableau de la rébellion demeura longtemps célèbre, Sammete e Tamiri, enfin à Padoue en 1809 Ippotoo et à Venise / Strelitzi. Durant toute cette période de son existence, Viganô travaille difficilement, passe des mois à réfléchir, à méditer sur son art. Avec les Strelitz, il va s’engager dans une nouvelle voie.

Jusque-là, il s’est contenté de concilier de son mieux et parfois fort heureusement l’action pantomime chère aux Italiens et la chorégraphie


(1) Rossiniane, 1824, pp. 35, 46 et suiv. Ces lettres sont datées de 1804.