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forces moelleuses !… Toutes mes difficultés me désertent, et il n’est point à présent de problème qui m’exerce, tant j’obéis avec bonheur à la mobilité de ces figures ! Ici, la certitude est un jeu ; on dirait que la connaissance a trouvé son acte, et que l’intelligence tout à coup consent aux grâces spontanées… Regardez celle-ci !… la plus mince et la plus absorbée dans la justesse pure… Qui donc est-elle ?… Elle est délicieusement dure, et inexprimablement souple… Elle cède, elle emprunte elle restitue si exactement la cadence, que si je ferme les yeux, je la vois exactement par l’ouïe. Je la suis, et je la retrouve, et je ne puis jamais la perdre ; et si, les oreilles bouchées, je la regarde, tant elle est rythme et musique qu’il m’est impossible de ne pas entendre les cithares.

PHÈDRE

C’est Rhodopis, je crois, celle-ci qui t’enchante.

SOCRATE

De Rhodopis, alors, l’oreille est merveilleusement liée à la cheville… Qu’elle est juste !… Le vieux Temps en est tout rajeuni !

ÉRYXIMAQUE

Mais non, Phèdre !… Rhodopis est l’autre, qui est si douce, et si aisée à caresser indéfiniment de l’œil.

SOCRATE

Mais alors, qui donc est le mince monstre de souplesse ?

ÉRYXIMAQUE

Rhodonia.

SOCRATE

De Rhodonia, l’oreille est merveilleusement liée à la cheville.

ÉRYXIMAQUE

D’ailleurs, je les connais toutes, et une à une. Je puis vous dire tous leurs noms. Ils s’arrangent très bien en un petit poème qui se retient facilement : Nips, Niphoé, Néma ; — Niktéris, Néphélé, Nexis ; — Rhodopis, Rhodonia, Ptilé… Quant au petit danseur qui est si laid, on le nomme Nettarion… Mais la reine du Chœur n’est pas encore entrée.