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84 LA REVUE MUSICALE 180

vons plus si ridicule l’admiration de Stendhal pour de tels spectacles. La Vestale semble bien avoir été l’œuvre la plus parfaite de Viganô. Si l’on n’y trouve pas des tableaux d’une originalité aussi frappante que dans Prométhée ou les Titans, on ne saurait assez admirer l’harmonieux équilibre entre les scènes à grande figuration est celles dont l’action se circonscrit entre quelques personnages. Le sujet en est tiré de l’opéra célèbre de Spontini sur un livret de Jouy. Dans la préface du scénario, Viganô déclare. « Chacun doit tout voir et tout comprendre, sans étude préalable et sans recourir ni à l’argument ni aux commentaires. » On assistait, durant le premier acte, aux jeux du cirque. Sur les gradins se pressait une foule de figurants drapés dans leurs toges et leurs manteaux en des attitudes pittoresques. En perspective on voyait courir de véritables chevaux attelés à des chars. Après la course, les Vestales faisaient leur entrée sur un rythme d’une émouvante gravité, portant les couronnes destinées aux vainqueurs. Leur danse consistait « en attitudes et en poses rappelant celles des Victoires sculptées sur les Arcs de Triomphe romains. Elles semblaient se soutenir en l’air en élevant vers le ciel les couronnes. » Au cours du sacrifice solennel qui suivait, le jeune Décius, fils d’un consul, qui venait de remporter le prix de la course, croisait ses regards avec ceux de la vestale Emilia et un grand trouble les saisissait l’un et l’autre sans que les assistants, occupés à la célébration de l’holocauste, y prêtassent attention. L’acte finissait par une bacchanale sacrée exécutée par des ménades, des satyres et de jeunes bacchantes. Viganô y faisait un heureux mélange des ressources de la danse moderne et des attitudes révélées par 1 art de l’Antiquité. Malgré sa complexité, sa variété infinie, ce premier acte se déroulait pour la joie des yeux. La critique n’y trouva à reprendre qu un seul détail : Un fils de consul comme Décius ne pouvait vraisemblablement prendre part à une course de chars.

Au second acte, Décius, en proie à l’amour, regarde sans plaisir au cours du festin que lui offre son ami Murena, les danses de deux esclaves grecs. Viganô avait ici introduit le pas de deux exigé des amateurs milanais, concession malheureuse au goût du public, car cet intermède de danse classique venait rompre l’harmonie de ce drame chorégraphique entière-