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COULEUR DU TEMPS

quemment, à s’entendre, à se regarder, à se confier, ils tissent la toile d’un petit roman, écrivent une des belles pages de leur jeunesse. À leur mutuelle pensée, ils subordonnent la majorité de leurs actes, ils engagent tous leurs instants ; et cette époque de leur vie qui passe se remplit d’une série d’heures précieuses, légères, d’heures de rêve attendri, d’obsession douce, d’heures d’illusions, d’émotion contenue ; car, comme leur sentiment est retenu et inavoué, il en est plus délicat et plus suave, par ce qu’il contient d’indéfini, et d’incertitude.

Cependant, Jean est jeune, Lucette aussi. Rien ne les lie sérieusement, que cette gerbe de souvenirs qu’ils ramassent fleur par fleur.

Demain, des vacances les sépareront. La vive petite flamme qui brûlait secrètement entre eux, résistera-t-elle à l’absence ?… Qui sait combien de liens se dénouent en pareilles occasions, liens usés sournoisement par l’influence de figures nouvelles dans des décors nouveaux ? Jean et Lucette, qui se sont fait tant de confidences, n’ont plus rien à se révéler ; et l’attrait