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COULEUR DU TEMPS

terrible pour bouleverser les éléments autour de l’étrange petite girouette ; et elle y voit clair, elle mesure l’énorme flot, elle comprend les conséquences qu’il peut entraîner, et miracle ! les perspectives les plus désolantes ne la troublent point dans sa sérénité ; sa pointe marque le beau fixe. Haut les cœurs ! La girouette est forte en cet heureux jour. Que tous les mauvais vents se donnent rendez-vous, ils ne l’abattront pas, ils n’attaqueront pas son optimisme. Elle est tournée vers un aimant divin qui la garde ferme et brave ; rien ne prévaudra contre elle ; il y a de la lumière qui l’attire et l’éclaire, et la soutient dans l’orage.

Cette girouette est tout simplement une girouette faussée, croira-t-on : quand le vent est nord, elle regarde le sud, quand il est sud, elle se tourne au nord.

Non, elle n’est pas seulement faussée ! Des fois, elle voudrait l’être, elle ne peut pas. Le vent est mauvais, et bon gré mal gré, elle le marque ; elle a beau chercher à se retourner vers l’aimant divin qu’elle sait si bien où trouver, elle est impuissante ; sa volonté n’agit plus ; maintenant c’est un aimant malin qui l’appelle et la torture.

Elle lutte, elle lutte tellement que parfois, dans un éclair, malgré le têtu vent mauvais,