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COULEUR DU TEMPS

trouver dans le nombre de meilleurs, et de plus beaux. Tu descendrais en les repoussant : pas celui-là, pas celui-ci ! Et si tu te rendais ainsi sans te décider jusqu’au fin bord de la rivière, jusqu’au dernier jonc ? Il faudrait le prendre, fût-il croche et mauvais, et t’en contenter ! »

La jeune fille, sans avoir trop bien saisi, rétorque vivement : « Je reviendrais plutôt les mains vides. »

Et quand elle a parfaitement compris l’allégorie, j’imagine qu’elle ne veut pas l’approuver, qu’elle est trop jeune pour admettre un état de chose aussi prosaïque, qu’elle est trop enthousiaste, trop sentimentale. Elle ne sait pas quoi penser, elle se penche de nouveau sur sa broderie, et en riant, elle dit : « Vous êtes épouvantable, grand’mère, comparer un mari à un manche à balai. Si des hommes vous entendaient ! »