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COULEUR DU TEMPS

ment chimériques, et que je réprouverai peut-être aussi, un peu plus tard.

Oh ! cette imagination, on ne sait jamais où ses suggestions commencent, où elles s’achèvent, même si l’on se croit du jugement, même si l’on a l’orgueil de la considérer en soi comme une puissance secondaire.

Puissance secondaire ! puissance secondaire qui, au moindre sujet ou propos, s’empare du gouvernement de la maison, s’arroge la conduite de l’intelligence et du cœur, et les mène où elle le veut bien, à des désirs sans nombre, irréfléchis, obsédants, à des idées diverses qui finissent toujours, hélas ! par apparaître vaines.

Quand, après un beau voyage accompli à la suite de cette puissance secondaire, nous reprenons notre lucidité, comme nous sommes étonnés de notre faiblesse et de notre enfantillage. Quelles résolutions vigoureuses de sagesse pondérée nous prenons : mais nous ne tardons pas à repartir entraînés par l’irrésistible grande créatrice d’illusions !

Pour ma part, je surveille de bien près cette imagination dont les caprices m’effraient. Je voudrais tant voir et comprendre mes sentiments tels qu’ils sont, et pouvoir juger sainement et parfaitement des gens et des choses autour de moi. Je voudrais prétentieusement