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COULEUR DU TEMPS

qui prient ont un peu plus de détresse, un peu plus d’inquiétude à confier au Divin-Maître. Mais dans l’église si recueillie, le spectre de la mort ne révolte pas. Jésus est là. La foi, c’est la certitude du bonheur éternel.

Des minutes s’écoulent. Ensuite, d’une porte massive qui s’ouvre sort un flot de clarté. Un cortège de baptême va traverser l’église.

J’ai fini mes oraisons. Je m’en vais. Je m’unis à la suite du petit ange pour lequel les cloches vont enfin sonner joyeusement. Une naissance console d’un glas. Moi qui n’ai personne à pleurer, je puis marcher sans tristesse dans la rue où l’eau rigole. Il y a beaucoup de feuilles mouillées sur l’asphalte luisant. Rien n’est gai, rien n’a été bon dans l’atmosphère de ce jour humide. Mais les étoiles voilées reviendront demain plus brillantes.

Chez vous, si vous souffrez, ayez quand même confiance. Les jours ressemblent au ciel changeant. Il a beau pleuvoir des mois entiers, il ne peut pas pleuvoir toujours. Et puis, allez à Celui qui guérit…


(20 octobre) 1918.