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COULEUR DU TEMPS

à la prochaine fatigue qui rendra nos nerfs trop sensibles, nous nous laisserons aller de nouveau à d’autres répliques brusques, et peut-être même mordantes et acérées.

Ah ! si pour l’amour du bon Dieu, pour l’amour de l’harmonie, pour l’amour de la belle douceur, nous savions donc, dans nos désappointements et nos ennuis, garder le silence d’or ! Si nous savions refouler en nous nos mauvaisetés. Que de petites scènes douloureuses qui enlaidissent la vie et chagrinent les cœurs, nous éviterions ainsi. À quoi bon les reproches, à quoi bon l’amertume exprimée, à quoi bon les paroles de colère qui font jaillir les réparties agressives, et qui sont comme des feux dommageables que l’on allumerait coupablement, pour ne pas s’être donné la peine d’éteindre une dangereuse allumette ?

Renfermons en nous la flamme méchante. Elle finira par mourir ou par s’habituer à passer sans éclat.