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AUTOUR DE LA MAISON

ez comme un mulet, parce que je suis une trop bonne bête ? et vous ne voulez pas que je rentre dans ma niche quand vous pourriez vous amuser sans moi ? Eh bien, vous allez voir ! Jamais « en chien » vous n’aurez été aussi vite, et si je casse votre carriole, tant pis, vous ne m’attellerez plus ! »

La panique avait pris deux des petites filles, qui s’étaient jetées dans la neige. Zoulou, encouragé, laissa la rue, entra dans une cour ouverte, fila à toute vitesse jusqu’au fond d’un jardin, perdit la moitié de sa charge, et repartit avec Toto et Pierre, qui essayaient de le mâter ! Et Zoulou se disait : « Là, culbutons ceux qui restent, et sauvons-nous ! » Ce fut l’affaire d’un cahot habilement sauté ; puis, sur le côté de la carriole, Toto fut balancé, le corps plié, les jambes dans la voiture, le buste pendant en dehors ! et Pierre avait la tête dans la paille, et les pieds pointant vers le ciel ! Zoulou fit un nouveau bond, sauta sur le trottoir, déposa, en passant sur le banc de neige, ses deux victimes, qui riaient comme des fous, mais qui avaient perdu leurs tuques.

La bande, qui s’était éparpillée, se rassembla. Nous arrivions les uns après les autres, relevant nos grands bas, rajustant nos nuages, enlevant la neige qui s’accrochait en mottons à nos manteaux de laine. Lorsque, à pied,