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AUTOUR DE LA MAISON

suivant la voie ferrée, où passait deux fois par jour une antiquité de petite locomotive traînant un seul char à passagers. Comme nous commencions à marcher dans les hautes herbes et dans les marguerites du talus qui bordait la voie, Zoulou nous rejoignit, la langue sortie, l’air joyeux d’avoir déserté pour nous suivre. Toto voulut retourner pour le ramener à la maison, mais les grandes jeunes filles dirent : « Ce n’est pas nécessaire, Toto, c’est amusant, un chien ! »

En cueillant des fleurs, nous fîmes gaiement la route, sous le grand soleil, à l’air pur que nous aspirions avec volupté. Nous étions heureux. La lumière était partout. Dans les champs, des vaches paissaient. Parfois, c’était un poulain qui galopait de la clôture au fond du pâturage, puis se roulait dans l’herbe. Il y avait aussi, sur les fleurs ou dans l’azur, des papillons, des papillons blancs ou bruns dont la beauté nous émerveillait et que nous suivions des yeux avec envie : « Si nous avions de grandes ailes… » comme dit en vers, monsieur Lozeau…

Au bois, on laissa la voie ferrée et l’on prit un petit sentier, où les feuilles mortes de l’automne étaient restées et crissaient sous nos pas. On atteignit une grande étendue de gazon frais et vert. On s’installa ; on dîna.