Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
AUTOUR DE LA MAISON

noirs, nus, Les clôtures s’allongeaient blanches, hautes, muettes et hostiles… Qui sait ce qu’elles auraient pu cacher ? Que j’avais peur !…

Essoufflée, le cœur battant, j’aperçus enfin la maison et la lumière à la fenêtre. C’était fini. Aucun danger ne m’atteindrait plus ; je respirai pleinement et me mis à marcher à pas comptés, les yeux fixés sur la lampe de chez nous, la bonne lumière rassurante et paisible.

Le soir, croiriez-vous que j’ai recommencé le conte de l’aventurier, et les crises de frissons qui l’accompagnaient ?

J’étais chez nous, voyez-vous, chez nous dans la chaleur et la confiance du foyer. Ah ! la grande sérénité des petits enfants heureux, qui croient que sous leur toit aucun malheur ne peut entrer, comme si l’homme au grand couteau n’était pas partout où Dieu l’envoie, dans les maisons comme sur les routes !


XIX


La petite fille, pendant la classe, sous le couvert de son pupitre, m’avait « babillé » qu’elle avait chez eux des jouets extraordinaires : une poupée longue comme le bras, qui fermait les yeux et parlait autant qu’une