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AUTOUR DE LA MAISON

soleil donne une couleur d’or à toute chose. Notre homme engraissera et fera fortune dans ce pays merveilleux. Seul, il pousse des cris de bonheur. Mais que voit-il donc venir là ? des hommes à jupes et à couronnes de plumes ?… Innocent et naïf, il s’avance vers eux pour les féliciter d’habiter une si riche patrie. Les sauvages l’entourent avec des visages épanouis, des sourires montrant des dents de carnassiers. Ils lui prennent amicalement le bras, lui tiennent des propos auxquels il ne comprend rien.

Aux images suivantes, notre héros va de festin en festin, enfle à vue d’œil. À la fin, ses joues sont rondes et rouges comme des pommes fameuses ; il est aux oiseaux ! Il s’endort, plein de confiance dans les sourires de plus en plus ouverts de ses amis les sauvages, et se trouve tout à coup lié à un poteau, entouré de la tribu qui danse, et ayant devant lui le cuisinier, un grand couteau à la main. Une fois là, on tressaillait de tout notre être, et à l’autre tableau, où, dans un paysage d’arbres bleu criard, et dans une mare de sang rouge-coquelicot, le gros homme avait les bras en l’air et le couteau dans le ventre, on frissonnait, frissonnait encore et refrissonnait ! On poussait des exclamations effrayées en se serrant l’un contre l’autre ; on haletait !