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AUTOUR DE LA MAISON

dise, grognait avec fureur ! On courait un grand bout de temps en suivant le bord de beau ; essoufflé, l’un de nous tombait en se roulant dans l’herbe, et le loup le mangeait !

Celui qui avait été mangé devenait le loup, et la course recommençait. Pour fuir l’animal féroce, on s’élançait des fois du côté de la cour, et les poules se sauvaient en piaillant. On montait sur la galerie, on entrait dans la cuisine, on renversait des chaises en criant : « le loup ! le loup ! » et bon ressortait par la porte de l’office qui donnait dans le jardin. Comme on était en automne, on foulait librement les plates-bandes ; on courait jusqu’au pommier. Là, le loup ayant dit : « j’joue pus », on finissait la partie à cheval sur la clôture en mangeant les pommettes qui restaient encore à l’arbre.

« Si l’on se contait des contes ? » Toto prétendait qu’il en savait un neuf, un beau.

Il commençait, nous décrivait des barbes-bleues qui étaient en même temps rhinocéros ou hippopotames ; des princesses qui étaient belles comme Peau-d’âne, qui avaient les pieds de Cendrillon, chaussées de souliers en diamants ! des châteaux remplis de chocolats, d’or et d’argent ! et des jouets merveilleux pour les enfants ! Il inventait une intrigue, des péripéties, et au moment où, embarrassé,