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AUTOUR DE LA MAISON

nôtres pour jouer, et notre servante leur répondait : « Madame ne veut pas que Marguerite et Pauline sortent avec vos petites, qui sont trop mal habillées, et trop malpropres ! » Les garçons disaient : « D’abord, nous serons les loups et nous les mangerons, vos petites filles ! » Mais on les amadouait, et Pierre devenait capitaine de vaisseau et promenait nos poupées dans son bateau blanc à tuyaux dorés. Toto se faisait ingénieur, et menait nos familles en excursion, dans son engin et son char à bagage !

Le salon était une forêt merveilleuse, semée de fleurs sans nombre, — les fleurs du tapis ! On y allait, en se rendant en char, jusqu’au passage. Ensuite, on traversait le passage, qui était le fleuve, en bateau, et l’on arrivait à la forêt merveilleuse. Par malheur, on y rencontrait toujours les bohémiens, qui enlevaient une ou deux de nos petites filles ! Alors, on revenait en poussant des cris de désespoir : « Ma fille ! j’ai perdu ma fille bien-aimée ! »

Mais la police de mon village étant une vigilante police, on retrouvait la petite fille perdue. Elle s’était échappée des mains des bohémiens, avait couru depuis trois jours, s’était égarée dans les bois, où on l’avait enfin retrouvée endormie sur les fougères. Je vous