Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
AUTOUR DE LA MAISON

valescente avant moi, et je l’ai vue passer de mon lit, un après-midi. Elle était avec sa mère. Elle marchait lentement. Elle était toute pâle. Elle avait un manteau et une tourmaline « rouge feu ».

Elle retomba malade. Un jour, j’étais à la ville avec maman. Dans un magasin, je choisissais les broderies qui devaient orner ma robe de première communion, quand son oncle, qui passait par là, vint nous dire : « Nous avons reçu un télégramme, tout à l’heure. Gabrielle est morte. Son père est à la ville. Il lui avait demandé, ce matin, avant de partir, ce qu’elle voulait qu’il lui apporte. Elle ne pouvait rien manger. Elle avait demandé des livres de contes. Et elle est morte ! »

J’écoutai cela, les lèvres serrées, la tête bouleversée. Je ne regardais plus rien dans le grand magasin. Je ne parlais plus à maman. Je n’ai dit à personne la peine que j’avais !

Quand j’allai la voir, le lendemain, à la lueur des cierges, je ne la reconnus pas. Ce n’était plus Gabrielle, la petite fille que j’aimais tant, c’était une grande jeune fille ; on eût dit sa sœur aînée ! Elle lui ressemblait tout à fait, malgré ses cheveux libres bouclés sur l’oreiller. Je m’en allai furtivement, et