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AUTOUR DE LA MAISON

mais monsieur Pierre crut que je voulais aider à son tourment, et je reçus… un soufflet, oui, un soufflet !

Citait un petit soufflet de rien parti malgré Pierrot et sans qu’il sût où il allait frapper ! Il ne contenait pas un sou de malice ; Toto l’a dit bien souvent : « Les files, ça pleure toujours »… J’eus envie de pleurer et j’ai beau faire… je m’en souviens encore !

C’est ainsi. Même dans les fêtes d’enfants, il se glisse comme cela un détail… qui fêle la joie. Pour Pierre, c’était la bascule ; pour moi, ce fut ce mignon soufflet, qui ne me fit pas le moindre mal physique, mais qui m’attrista tellement !… Le reste du soir, je fus comme isolée du plaisir… je riais du visage, rien ne m’amusait plus, j’avais l’âme en peine…

Qui sait ? Pierre fut sans doute l’instrument de la Providence ! N’avais-je pas éprouvé d’orgueil, en apparaissant sur la scène, avec la culotte de Toto et une belle blouse fraîche à grand col marin !

Ah ! la vanité des petites filles, — qui n’apprennent que bien plus tard qu’elles ne sont presque rien dans le monde, qu’elles n’ont que le souffle que le bon Dieu veut bien leur donner, et le bonheur qu’elles savent mériter…