Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
AUTOUR DE LA MAISON

par chez nous ! » On touchait la terre consciencieusement ; on se relevait et la ronde reprenait : « Savez-vous planter des choux ? » et c’était de tourner, tourner, tourner plus vite, en remplissant la campagne de nos voix ! On les plantait avec les dents. On les plantait avec les pieds. On les plantait avec les genoux. On les plantait avec les coudes. Quand, à bout d’instruments, Toto et Pierre les plantaient en s’assoyant brusquement, je vous assure que, toutes scandalisées que nous le paraissions, nous en avions des rires fous, à la mode de par chez nous !

C’était en mai, au grand soleil du midi, ou aux étoiles, en revenant du mois de Marie. Quelle gaieté dans ce passé ! Croiriez-vous que je ris, là, toute seule, en me souvenant comme c’était drôle de planter les choux avec les « assiettes », à la mode de par chez nous !


XLII


Au-dessus de la haute clôture du jardin, les lilas penchaient leurs têtes en fleur et regardaient la rue. On respirait sans cesse le parfum de leurs grappes mauves. Au bord de l’eau, les saules, les feuilles fraîches, s’inclinaient sur la rivière couverte de billots voyageurs ; des billots qui naviguaient en groupes