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AUTOUR DE LA MAISON

XXXIX


Dehors, qu’elles devenaient joyeuses nos parties devant la maison, dès que l’herbe du parterre apparaissait et que les trottoirs séchaient ! Toto et Pierre jouaient aux marbres et nous nous joignions à eux, parfois, nous, les petites filles, quand il y avait à conquérir une grosse boule de verre, au dedans de laquelle sommeillait un lion d’argent. Lorsqu’une chance exceptionnelle nous faisait frapper la merveille, quels trépignements d’allégresse ! Mais le plaisir passait rapide comme un souffle ; les garçons, ne voulant pas céder leur bien, déclaraient invariablement que, nous ayant prêté leurs marbres, ils gardaient la boule de verre. Pourtant, ils nous avaient bien promis de nous la donner si nous la gagnions : mais à tous nos raisonnements, ils objectaient :

« C’est pour rire qu’on disait ça, on n’avait pas dit “parole d’honneur” ! »

Nous les quittions fâchées, et nous nous mettions à danser à la corde, chacune notre tour, Marie et moi. C’était à qui sauterait le plus longtemps sans manquer, d’abord sur un pied et sur l’autre, puis, les pieds joints, les « pattes croisées », la corde envoyée par en arrière. C’était aussi sérieux qu’un concours