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AUTOUR DE LA MAISON

pouf, — pouf ! — Pierre crie à tue-tête : « All aboard ! All aboard ! » — comme il l’a entendu dire quand il est allé à la ville ! On ébranle les chaises et nous sommes à : « S.-Martin Jonction », nasille petit Pierre. Successivement, il annonce, en traînant sur les finales : « S.-Vincent de Paul, Terrebonne… la “Cabane ronde”, l’Épiphanie, changez de char pour l’Assomption ! » Alors, Toto siffle à toute force, sonne sa cloche comme pour une alarme, et — bing, bang ! avec une suite de mouvements brusques, nous fait dégringoler, assommant à demi nos poupées.

Des pleurs suivent immédiatement la catastrophe. Maman arrive. Toto s’excuse : c’est un accident. Il n’y a pas moyen de jouer aux chars sans cela. Tant pis pour les filles qui pleurent toujours.

Alors, monsieur est en pénitence pendant que Marie et moi séchons nos larmes et rajustons les têtes de nos poupées…

Puis, on se colle le nez sur les vitres. Toujours la pluie qui tombe. C’est triste ! On s’ennuie. Maman, obligée de sortir, nous fait des recommandations. Il est défendu de mettre les chaises par terre. Désolés, on se regarde. Toto va chercher des cordes à danser et revient triomphant : « On va jouer aux chars sans les chaises, et sans casser les