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AUTOUR DE LA MAISON

XXXV


Le soleil devenait plus chaud, l’air s’adoucissait chaque jour davantage, le printemps s’annonçait. On avait bien hâte qu’elle s’en allât, cette neige qu’on avait tant aimée, et si l’on s’amusait encore à en faire des pelotes, c’était dédaigneusement et avec l’intention de la gaspiller et de la voir fondre au plus vite !

Devant la maison, pour découvrir le bois du trottoir, on pelletait avec acharnement et l’on regardait la rivière gelée, en parlant du départ de la glace, des feuilles aux arbres et des sifflets de saule ! On formait aussi maints projets pour lorsque les érables couleraient, et, tous les matins, on demandait à tante Estelle quand ils seraient entaillés. Mon Dieu, qu’on avait hâte !

Et quelle joie d’apercevoir enfin, au retour de la classe, un midi, les chaudières de fer-blanc accrochées aux arbres, brillantes au soleil. On s’arrêtait pour admirer l’eau qui tombait goutte à goutte du trou rond fait dans l’écorce épaisse, sur la « petite feuille », de tôle blanche qui servait de « coulée ». Je vous assure que tous les enfants n’avaient pas nos solides principes, et malheur aux gens du village qui ne surveillaient pas bien leurs