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AUTOUR DE LA MAISON

Si la neige était molle, on se roulait de belles pelotes et on se les lançait. C’était une bataille en règle, et souvent on en profitait pour tapocher telle petite fille qui nous déplaisait ou dont on voulait se débarrasser. Puis, on imaginait de viser les glaçons et de les faire tomber. Beaucoup de pelotes allaient s’aplatir sur les maisons en faisant « paff », et la neige restait collée au bois, en plaque blanche et ronde. Une bonne femme, qui du fond de sa cuisine entendait résonner les projectiles sur le mur, sortait et nous menaçait : Mère S.-Anastasie et monsieur le curé le sauraient, et nous ne « marcherions » pas pour notre première communion, ou bien nous allions perdre notre décoration rouge « d’enfant Jésus », parce que nous étions de méchantes petites filles pleines de mauvais plans et que nous avions voulu casser les vitres chez eux !

La bonne femme n’avait pas fini de nous en conter « sur le long et le large » que nous partions en courant ; et au troisième ou quatrième voisin, nous recommencions à viser le bord des toits. C’était vainement, tant que Toto et Pierre n’arrivaient pas, sac au dos et en criant. Eux savaient bien le tour, allez, de décrocher les glaçons. Ils cherchaient un bon morceau de neige durcie qu’ils garro-