Page:LeNormand - Autour de la maison, 1916.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
AUTOUR DE LA MAISON

bas : nous admirâmes la chapelle du Sacré-Cœur et son clocher d’argent qui brillait sur le ciel bleu, et le coin rond, toujours condamné par ses contrevents clos, mais familier à nos yeux, se dressant sur la côte avec l’allure d’un petit château, le soleil pâle d’hiver jouant sur ses pierres glacées.

Il fallut bien remonter, trébuchant dans la pente. Les jeunes filles riaient à cœur-joie, parce qu’elles reculaient, que leurs pieds glissaient, qu’elles tombaient ! Nous, nous essayions de pousser la traîne, pour qu’on récompensât notre zèle par une nouvelle glissade.

On oublia de nous réinviter. Nous regardâmes, des fois encore, la traîne descendre et traverser la rivière dans la belle lice blanche et droite qu’elle avait tracée sur la neige. Et nous retournâmes chez nous. La rue et nos traîneaux ne nous suffisaient plus et nous paraissaient un amusement à dédaigner. Nous aurions donné tout au monde pour devenir soudainement de grandes personnes, pour en avoir fini d’être appelés les petits, et d’être gênés !