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AUTOUR DE LA MAISON

sie ! » Je demandai à Marie : « En mangerais-tu, toi, du pinbina ? » Elle haussa les épaules, manifestant ainsi la plus complète indifférence. Puis, comme elle se mit à courir sur le banc de neige qui bordait le trottoir, je l’imitai…

À la maison, je trouvai les confitures de la collation fades, et je sortis pour attendre Toto et Pierre qui seconderaient peut-être mon tenace et agaçant désir… En effet, mon bon petit Toto cria tout de suite à ma proposition : « Trois gros rats pour nous autres, on s’en va au pinbina ! » La neige atteignait le quart du bras de la galerie, et c’était invitant, cette expédition difficile.

Julie, quand elle nous vit partir, tenta de nous faire retourner : « Vous ne serez pas capables. La neige “pelotte”, vos jambes vont se prendre ! » Ses conseils et ses prophéties se perdirent dans l’espace, et Toto répéta son cri de joie, en ajoutant : « Y a pas d’soin, on va se rendre ! »

Mais on avançait péniblement, et il fallait de grands efforts pour retirer ses jambes des trous qu’elles creusaient dans la neige collante. Au milieu du jardin, par un caprice du vent, il y avait un énorme banc, et l’on enfonça si profondément qu’on ne pouvait plus en sortir !