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AUTOUR DE LA MAISON

Tout à coup, le cri de l’antique petite locomotive retentit et nous partîmes en courant, Toto et moi, pour voir passer le char. Il passa. Zoulou bondit en jappant, essayant de le rattraper. Toto cria : « Il va se faire écraser. Zoulou ! Zoulou ! » Mais Zoulou n’entendait rien. Pour franchir un petit pont avant le train, il sauta sur les rails. Et quand le train fut à son tour passé, nous vîmes une forme jaune étendue sur la voie…

Ce fut un cri de terreur. Les jeunes filles accoururent et bientôt nous étions près de la pauvre chère bête qui respirait encore, la tête sanglante, les yeux fermés… Des sanglots nous étouffaient. Nous étions désespérés devant cette mort inattendue. Les jeunes filles essayaient de nous consoler. Nous formions cercle autour de la bête. Une « grande » alla chercher de l’eau et mouilla la tête du chien ; peu après il ne respira plus.

Il fallut partir, le laisser là, sans vie ! Mon cœur de petite fille se révoltait. Quoi, il ne marcherait plus, il ne reviendrait plus, on ne l’aurait plus, notre cher Zoulou ! Il était mort, mort ! Mais pourquoi ? Nous étions venus là pour nous amuser, rire, chanter ; le soleil était encore si beau, et les marguerites fleurissaient avec les boutons d’or ! Mais Zoulou, c’était notre ami ! Il nous laissait