Page:LeMoine - Ornithologie du Canada, 1ère partie, 1861.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

L’Étourneau paraît se croire trop grand seigneur pour se construire un nid et pour se charger des soins de la famille. Il dépose ses œufs un à un dans le nid de l’Oiseau Gris ordinaire (Chipping Bunting), de la Fauvette bleue et rousse, de l’Oiseau Jaune, de la Grive à tête dorée, quoique ces nids divers, chose singulière, soient tous différemment construits ; l’œuf de l’Étourneau est supérieur en volume aux œufs des divers oiseaux auxquels il confie l’avenir de sa postérité. Si l’œuf étranger a été déposé dans un nid nouvellement achevé et où il n’y a pas encore d’autres œufs, les propriétaires du nid fort souvent le désertent. On a tout lieu de croire qu’ils ne sont pas dupes de la fraude commise par l’Étourneau. L’Étourneau ne dépose qu’un seul œuf dans chaque nid ; pour effectuer cela, il épie le moment de l’absence des propriétaires et s’acquitte de sa tâche comme s’il connaissait toute la méchanceté de son fait. Dès que la femelle a remarqué l’œuf étranger, elle quitte son nid en murmurant, appelle le mâle qui ne se fait pas attendre ; le couple désolé manifeste son mécontentement, par un caquetage bruyant et long. L’œuf n’en demeure pas moins dans le nid et l’incubation a lieu. Cet œuf est de forme ovale régulière, d’un bleu pâle et grisâtre, recouvert de points bruns, plus nombreux au gros bout. Après quinze jours d’incubation, le jeune Étourneau sort de la coquille avant que les œufs de l’oiseau nourricier soient éclos, lesquels disparaissent, car le père et la mère nourriciers voyant un jeune oiseau, se hâtent de lui procurer de la nourriture, et négligent leurs propres œufs dont l’embryon meurt. La nature paraît avoir doué les oiseaux de la faculté de distinguer les œufs féconds de ceux qui ont cessé de l’être, car tous les œufs clairs sont jetés hors du nid sans délai.

Le jeune Étourneau est l’objet d’une sollicitude continuelle de la part de ses parents nourriciers qui le soignent et le chérissent comme si c’était un des leurs ; même longtemps après avoir quitté le nid,