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LES RUES DE QUÉBEC.

Or, en 1683, « cette batterie de canons posée dans la Basse-Ville, environnée presque de maisons de tous côtés, était éloignée du bord de la rivière et causait de l’incommodité au public ; » le gouverneur d’alors, Lefèbvre de la Barre[1] « ayant reconnu un endroit bien plus avantageux vers la Pointe des Roches et au bord du dit fleuve à haute marée qui, dit-il, battra bien plus avantageusement dans la rade et qui causera bien moins d’incommodités aux maisons de la dite Basse-Ville, » jugea à propos d’y transporter la dite batterie, et les Révérends Pères de la Compagnie de Jésus s’étant offert de contribuer aux frais qu’il conviendrait de faire, il leur concéda « une partie de l’emplacement qui est au-devant du lieu sur lequel est présentement posée la dite batterie de canons… entre la rue ou le grand chemin de charrettes venant du port[2] et la rue dite Saint-Pierre. »

Voilà donc l’origine du quai Napoléon et une mention bien distincte de la rue Saint-Pierre. La maison construite près de ce site fut vendue le 22 octobre 1763 à Wm. Grant, écuyer, qui, le 19 décembre 1763, achetait aussi le reste du terrain jusqu’à basse marée de Thos. Mills, écuyer, major de ville, lequel venait d’en obtenir la patente, le 7 décembre 1763, du gouverneur Murray, en récompense, comme il est dit au préambule de l’acte, de ses services militaires. Cette propriété qui, plus tard, appartenait à M. Wm. Burns, fut par lui cédée, le 16 octobre 1806, à M. J. W. Woolsey.

Le quai Napoléon, acquis en 1842 de M. Buteau par feu M. Chouinard, fait maintenant partie de la succession Chouinard ; il se compose en réalité de deux quais réunis en un seul, la partie à l’Ouest se nomme Quai de la Reine. La voie qui mène du Cap vers ce quai est nommée Rue Sous-le-Fort, à cause de sa position : elle date probablement de l’année

  1. Concession de la Barre aux Jésuites, 16 sept. 1683.
  2. M. de Laval, en 1661, décrivait la ville comme suit :

    « Quebecum vulgo in superiorem dividitur et inferiorem urbem. In inferiore sunt portus, vadosa navium ora, mercatorum apothecæ ubi et merces servantur, commercium quodlibet peragitur publicum et magnus civium numerus commoratur. »