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issus de son (légitime ?) mariage avec un grand seigneur des mieux posés de l’époque, le sieur Jupiter. Avec le temps, la petite devint une grande, une belle princesse, si gentille, si modeste, si rangée, que bientôt on la surnomma la chaste, la blanche Diane. Elle raffolait de la chasse et se fichait des amoureux. On la trouva, néanmoins, si adorable, que les fashionables d’Éphèse allaient l’adorer en un temple magnifique, qui passa pour une des sept merveilles. Ô la belle demoiselle ! Les mauvaises langues prétendaient que ces messieurs faisaient encore plus de cas de sa beauté que de sa chasteté !

« Un jour, où, avec ses chiens, mademoiselle avait lancé un cerf, l’animal prit l’eau ; la chasseresse en fit de même.

« Passe un jeune fat, du nom d’Acteon, lequel ajusta son lorgnon pour voir quelle mine feraient sur l’onde une crinoline flottante et un Grecian Bend[1]. Sa curiosité fut bien punie, car la chaste demoiselle, qui avait étudié la magie blanche, lui fit une passe magique ; et de suite on vit à la place de l’indiscret Acteon un cerf timide, que l’inhumaine laissa même croquer vif par ses chiens. »

(Courrier du Canada).



  1. Caprice de mode, où des talons fort hauts jouaient le principal rôle : avis aux antiquaires, nos neveux, qui étudieront les modes changeantes du passé.