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déguster la langue seulement. Il est bien moins farouche que son grand cousin du Canada. L’Indien, recouvert d’une peau de caribou, se traînera à terre, imitant le beuglement de l’animal : le cerf indiscret approche pour examiner et reçoit comme punition de sa curiosité, une flèche acérée. Ce ruminant passe l’hiver sur les hauteurs, où il subsiste de mousse et de jeunes arbustes ; au printemps, cinglant vers le nord, les femelles arrivent en mai, sur les rives de l’océan où elles mettent-bas leurs petits ; les mâles les suivent plus tard : puis, elles se replieront vers le sud en septembre. Voilà pour l’espèce arctique.

Le caribou des bois, deux fois la grosseur de son gracieux congénère, le caribou des champs, muni de cornes plus trapues, plus fortes, habite le Labrador, le nord du Canada et atteint dans sa migration méridionale jusqu’à la Nouvelle-Écosse. Le caribou des bois émigre vers le sud, tandis que l’autre gagne le nord, à cette saison. Le parcours géographique du premier comprend Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse, la partie septentrionale de l’état du Maine, les deux rives du Saint-Laurent dans la Province de Québec ; puis, en gagnant vers l’ouest, la région habitée au nord de Québec, en arrière du Lac Supérieur. Dans les Provinces maritimes et au Labrador, on le rencontre en bandes nombreuses au fond des grandes forêts solitaires. Moins élégant de forme que le chevreuil, c’est sa taille supérieure qui le fait distinguer du caribou des champs. La robe de cet animal est d’un brun tirant par endroits sur le blanc ; adulte, il mesure quatre pieds et demi de haut et pèse au-delà de 300 livres, tandis que le chevreuil adulte atteint rarement 200 livres. Farouche et d’un accès impossible, ce caribou joint, à une merveilleuse agilité, une rapidité sans pareille dans sa course. Ses bonds sont prodigieux ; il sait également marcher, trotter, galoper