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LES CANONS DE LA VÉNERIE

AU FLAMBEAU



L’Orignal cherche sa nourriture là où croit le lis jaune des étangs.[1] Ce sont ses racines, non ses feuilles ou ses corolles qu’il affectionne. Cette plante, forme de ses courants, un véritable réseau dans la vase des lacs, lequel atteint une longueur indéfinie : les racines plus grosses que le bras d’un homme, sont d’un verdâtre pâle, ou d’un blanc tirant sur le jaune. Elles se garnissent de petits boutons élastiques — moelleux, comme la pellicule d’un ananas ; fort insipides au palais humain, elles font les délices de l’orignal, lequel pour s’en gorger, n’hésite nullement à s’aventurer dans l’onde et s’y plongera la tête jusqu’à ce que l’eau lui recouvre les oreilles. Quand il aura réussi à arracher une racine, il en mâchera un bout avec une suprême jouissance et laissera l’autre bout excéder ses lèvres, comme un fumeur fait d’un cigare ; c’est là le moment — l’appoint que convoite le chasseur.

Par une soirée calme, chaude, bien obscure, le veneur polit et essuie soigneusement le disque de sa lanterne sourde jusqu’à ce que le verre en devienne luisant comme

  1. Le Nénuphar d’Amérique.