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quiétude partagée par le pêcheur sur son séant de sapin au parfum pénétrant, illuminé à travers les soudures de sa tente ou l’écorce de sa hutte, des rayons du soleil ou de la douce clarté de l’astre des nuits, l’hymne matinal du merle, la vigueur, l’élasticité que le grand air des montagnes infiltre aux poumons, le pétillement du feu improvisé au camp dès l’aurore ; bref, la santé, la vie nouvelle, dont jouit le pêcheur, assailli des agréables souvenirs et des scènes récréatives de ses pêches d’autrefois sur les lacs et les rivières ; voilà selon moi l’âme et l’esprit de ce noble amusement. »

Pour un amant de la nature, pour un pêcheur émérite comme M. Dawson, l’existence devait être bien douce, bien remplie, aux bassins de la grande Cascapédia, entouré qu’il était pendant cette première et mémorable excursion, d’esprits d’élite et de sympathiques compagnons de voyage. L’appel du matin réunissait au même camp, l’éminent président de notre Cour Suprême, le juge-en-chef Ritchie, le savant juge-en-chef de la Cour Supérieure du Massachusett, le juge Gray, l’ami de Parkman, profond jurisconsulte, homme d’un physique imposant, doué de qualités sociales qui l’ont rendu l’idole d’un nombreux cercle d’amis, comme M. Dawson, se plaît à le répéter, du colonel P. Archie Pell, de Staten Island, le barde de l’expédition, de M. R. Dunn, banquier de New-York, et enfin, du général Arthur, appelé plus tard, à remplir les fonctions de président des États-Unis.

Ces hommes de science, d’étude ou d’affaires s’étaient tous donné rendez-vous sur les rives « doux fleurantes » de la Cascapédia, dont ils avaient loué cette année là les privilèges de pêche. Ce n’est là qu’une faible partie des hommes distingués, des fonctionnaires d’état qui sont allés passer leurs vacances à cet élysée des pêcheurs : nos vice-rois, Sir Edmund Walker Head, les lords Dufferin,