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Charles Hallock, l’infatigable secrétaire du club de pêche, Blooming Park Association, vous dira dans quel mois, à quelle date, à quelle heure du jour ? si c’est pendant un temps clair ou sombre ? que le poisson devra mordre ; quel appât, quelle mouche le tentera ? fixant d’avance et avec précision la mouche à être employée, l’espèce de pirogue, le guide forestier que vous devez choisir ? sans omettre les provisions du voyage ; l’utilité des aliments conservés en canistres : homards, sardines à l’huile, jambon, poulets ? les spécifiques contre la morsure des moustiques ? jusqu’aux stimulants de rigueur : thé, café. Prohibant strictement l’usage des spiritueux, au camp, et préconisant comme breuvage, l’onde fraîche de la source voisine, à qui tient à conserver bon bras, bonne jambe, esprit dispos pour lutter avec succès contre salmo salar, le vaillant roi des fleuves, relancé, tout frais, des profondeurs de l’océan.

Charles Hallock, à l’en croire, avait en partage la vocation du pêcheur, peu de temps après être sorti des bras de sa nourrice. Voici comment il nous peint les jours sans nuages de sa jeunesse, l’heureux temps où tout chante en dedans de nous. « Il y a maintenant vingt-six ans que je laissai flotter ma première mouche, dans les remous et les rapides, frangés d’arbres, du New-Hampshire. De forte taille, très alerte, j’étais alors un fier jouvenceau dont le sang bouillonnait dans les veines.

J’escomptais d’avance la vigueur de mon âge mûr. En été, ma suprême félicité, c’était de coucher en plein air dans une hutte de branches, construite par moi au haut d’un tertre, au pied duquel serpentait un limpide ruisseau à truite, près de la métairie de mon père : c’est là, où s’éveillèrent mes instincts de pêches, ou se firent les rudiments de mon éducation forestière. Avec le temps, j’en vins à