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PICOUNOC LE MAUDIT.

les rameaux qui bercent les nids, l’éternel concert qu’ils donnent à Dieu. Les fleurs s’ouvrent sur le bord du chemin et versent, au voyageur, leurs premiers parfums. Les enfants éveillés sortent des maisons, comme les petits oiseaux des nids de foin, comme les abeilles de leurs ruches, et ils remplissent l’air de leurs cris de joie. Les brillants reflets du jour illuminent les fenêtres qui s’ouvrent tout grandes pour laisser entrer l’air pur et la chaleur vivifiante. Le pauvre sourit, car il ne grelotte plus auprès d’un poêle sans feu, et la bise glacée ne l’empêchera plus d’oublier sa misère dans le sommeil. Partout s’éveille la gaîté, partout renaît l’espérance. Mais non ! il est une maison qui reste enveloppée dans une atmosphère mortelle ; une maison où le soleil entre sans éveiller l’espoir, l’hiver dure encore, la saison des frimas est sans fin, l’hirondelle paisible ne veut plus bâtir son nid de terre, où l’abeille ne s’arrête plus en passant, parceque la paix n’y habite point… Une femme pâle, les yeux rouges de pleurs, les joues amaigries par le chagrin, parcourt seule, comme une ombre plaintive, les pièces de la demeure solitaire. Le maître n’y