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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Ma mère chrétienne ! dit en même temps Iréma.

Et les deux jeunes femmes s’embrassèrent comme deux sœurs. Iréma, à la prière de la bonne religieuse, raconta le sujet de ses angoisses. Elle dit comment le grand-trappeur l’avait délivrée des mains du traître Hibou-blanc, et comment, plus tard, elle le vit lui-même prisonnier de ce renégat cruel, et voué, bien sûr, à une mort affreuse.

— Ce grand-trappeur, murmura la religieuse, c’est un homme de cœur, un bon chrétien, et un guerrier terrible…

— Oh ! oui ! et les indiens qui ne l’aiment pas, le craignent. Mais les Couteaux-jaunes seuls ne l’aiment point, et c’est le vieux chef — un blanc comme le grand-trappeur — qui les a indisposés contre lui.

— Que dis-tu, Iréma ? le Hibou-blanc n’est pas un indien ?

— Oh ! non ! mais il vit au milieu de nous depuis bien des lunes…

— Quelle singulière idée ! s’écria la religieuse.

— Et lui qui devrait être plus instruit que