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PICOUNOC LE MAUDIT.

un vieillard infâme qu’elle déteste ! Iréma fut souvent tentée de fuir pour échapper aux caresses du monstre ; mais elle avait juré de rester, et sa parole avait sauvé son ami. Si elle trahissait le serment donné, le trappeur, abandonné du Grand-Esprit, ne retomberait-il pas entre les mains des traîtres ? Plaintive et résignée, elle demeurait sous sa tente. Le Hibou-blanc vint la voir.

— L’heure est arrivée où tu dois tenir ta promesse, Iréma, dit-il, en entrant.

— Je le sais, et je ne me suis pas sauvée sous les bois ; tu vois que je suis résignée ; mais attends à demain, car je souffre aujourd’hui.

— Tu veux m’échapper en gagnant du temps ? Iréma.

— Il faut que je voie la robe noire, que je me confesse et que je prépare mon cœur comme le veut le Grand-Esprit.

— Folie que tout ça ! je t’aime, cela suffit.

— Tu ne m’aimeras pas toujours, peut-être, et alors si je n’ai pas la crainte du Grand-Esprit, que ferai-je ?… je te quitterai peut-être pour aller vers un autre.

Le Hibou-blanc frémit à cette pensée.