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PICOUNOC LE MAUDIT.

Picounoc. Il avait revêtu ses habits de drap noir et planté sur sa tête un castor à peine étrenné. Marguerite le salua en souriant d’une façon tout à fait gentille. Il en fut charmé, car elle avait coutume d’être avare de ses sourires. Il crut que c’était un heureux présage : Je savais bien, pensa-t-il, avec un grain de vanité, qu’elle finirait par s’apprivoiser. Les femmes ne résistent pas longtemps à l’or que l’on fait miroiter à leurs regards… Les femmes choisiront toujours pour mari le plus riche de leurs prétendants, et elles ont raison, car l’amour est un enfant gâté, et le gueux ne saurait satisfaire ses fantaisies.

Picounoc se présenta tout à coup et fit envoler la dissertation du bossu. Les amis se serrèrent la main, parlèrent assez longtemps de choses insignifiantes, car lorsqu’on parle beaucoup, il est difficile de dire toujours des paroles sages ou utiles. Le bossu avait l’air mal à l’aise. On voyait qu’il était tourmenté d’une pensée fixe. Il suivait du regard la jolie fille qui, mettant la dernière main au ménage, passait et repassait gracieuse et charmante, devant lui. À la fin n’y tenant plus :

— Je suis venu te demander la main de ta