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PICOUNOC LE MAUDIT.

de ma conduite et ma justification, je l’espère.

Le jeune avocat reconnut un acte notarié. Il prit le papier des mains de sa mère, et le parcourut en un clin d’œil. À mesure qu’il lisait, sa figure reflétait toutes les impressions de son âme. Il pâlit, il rougit, il eut des sourires, et il finit par pleurer.

— Pardon ! monsieur Saint Pierre, pardon ! s’écria-t-il.

Noémie, de plus en plus stupéfaite, se laissa choir sur une chaise. Ses jambes tremblaient et son cœur battait à rompre sa poitrine. Agnès avait des larmes dans les paupières, sans savoir pourquoi. La folle, les poings serrés, murmuraient des mots inintelligibles.

— Je te pardonne, mon Victor, dit Picounoc, réellement ému. Je te le disais il y a une minute : les apparences sont trompeuses. Que cette leçon te serve pour l’avenir ! il est possible que dans la carrière où tu es entré, cette vérité soit souvent bonne à méditer.

Victor tenait serrées dans ses loyales mains les mains coupables de l’habitant.

— Mère, dit-il, nous sommes riches ! cette