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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Oui, le misérable !… et je vais, dans l’instant, lui dire à sa face qu’il est un misérable…

— Mais pourquoi, mon enfant, parles-tu ainsi ? Tu ne sais donc pas tout ce qu’il a fait pour nous depuis vingt ans ? Parce qu’un jour il cessera de nous donner, nous lui jetterons l’outrage à la figure ? Est-ce là de la reconnaissance ?

— Vous ne savez pas ce qu’il a fait…

— Et quand même il aurait acheté notre terre ! Elle était à l’enchère, n’avait-il pas le droit de l’acquérir ? Ne vaut-il pas mieux que ce soit lui qui l’ait achetée…

— On parle de la bête, on en voit la tête, s’écria la folle…

Tous les yeux se tournèrent vers la porte. Picounoc entra. Il salua les femmes et s’avança pour donner la main à Victor.

— Jamais ! dit avec feu le jeune avocat.

Picounoc pâlit légèrement : Pourquoi me refuses-tu la main, dit-il ? il me semble que…

— Il me semble que vous devez vous l’imaginer pourquoi… reprit vivement Victor.

— Mon Dieu ! qu’est-ce que cela veut dire ? demanda Noémie inquiète.