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PICOUNOC LE MAUDIT.

sa bonne fortune et songeait au jour prochain de son hymen.

Les trappeurs canadiens prirent une autre route. Ils se rendirent au fort du Fond-du-lac, où ils achetèrent un canot d’écorce, et, chantant « Vive la Canadienne », ils fouettèrent les flots de leurs avirons légers. Le canot glissa comme une feuille légère sur la surface unie du grand lac. Il se dirigeait vers le fort Chippeway sur la rivière des Esclaves.

En face du fort se trouve cette petite île dont l’ex-élève a parlé à ses compagnons : rocher nu et triste où le vaillant ami du grand-trappeur, Pierre Robitaille, se réfugia pour échapper à la fureur des Couteaux-jaunes, et où il trouva une si lamentable mort. Le grand-trappeur ne passait jamais au fort Chippeway, sans se rendre à cette île déserte, pour y prier, dans la petite grotte où reposaient les cendres de son ami. Pendant que le missionnaire et les bonnes religieuses donnaient d’utiles et pieuses instructions aux indiens qui habitaient le voisinage du fort, le grand-trappeur monta dans un canot d’écorce et rama vers la grotte solitaire qui se trouve à l’ouest de l’île. Il tira