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PICOUNOC LE MAUDIT.

Et loin, bien loin, dans la forêt solitaire, on entendit les échos fidèles repéter tour à tour.

Je mets ma confiance,
Vierge, en votre secours.

Et les voyageurs écoutaient, plongés dans une admiration profonde, ces voix mystérieuses qui louaient Marie, dans le calme de la solitude et dans le silence de la nuit. Tout à coup une voix qui n’était pas l’écho, renvoya, puissante et sonore, du bord du rivage, aux messagers du Seigneur le couplet sacré.

— Des amis ! des chrétiens ! s’écrièrent les bonnes sœurs en se frappant dans les mains.

— Gagnons terre, dit le prêtre. Et les deux canots vinrent s’échouer sur la glaise de la rive, vis-à-vis le bûcher qui flambait. Un homme debout sur le rivage les regardait approcher.

— Le grand-trappeur ! dit l’un des indiens !

— Le grand-trappeur ! s’écrièrent les autres.

— Renard d’argent ! Ours grognard ! fit le grand-trappeur tout étonné.

— Êtes-vous seul ? je ne vois que vous, demanda le missionnaire.

— Oui, mon père, du moins, je le crois…