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PICOUNOC LE MAUDIT.

forces, pour tromper les balles et distancer les assassins. Quand les coups de feu eurent cessé de retentir, il s’arrêta. Un sourire de satisfaction passa sur sa noble figure, et sa pensée monta vers le Seigneur. Il éprouvait un étrange contentement de se savoir libre ; il se contemplait avec une sorte de bonheur.

— Dieu m’a protégé, se disait-il, d’une façon évidente, car comment aurais-je pu éviter de pareilles embûches ? Le renégat a voulu paraître généreux aux yeux de quelqu’un… Ah ! je le vois ! exclama-t-il… tout-à-coup : c’est Iréma qui me sauve à son tour ! comment ? je n’en sais rien, mais c’est elle ! Pauvre enfant ! que Dieu te protège, et qu’il te délivre des mains du monstre qui t’a saisie.

Il se dirigea vers la rivière Athabaska, avec l’intention d’en suivre le cours jusqu’au lac de ce nom. Il atteignit la rive droite de cette rivière, le deuxième jour au coucher du soleil. C’était un des plus beaux jours du mois de juin. Son attention fut attirée par une petite lueur lointaine qui se reflétait dans l’eau paisible : Amis ou ennemis, pensa-t-il, je vais voir qui a campé là !