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PICOUNOC LE MAUDIT.

III

L’ÉPLUCHETTE


Le lendemain Djos amena, du champ à la maison, une charretée d’épis de blé d’Inde qu’il entassa dans un coin de la cuisine. C’est la coutume de faire des corvées pour peler le blé d’Inde, comme pour broyer le lin et fouler l’étoffe. Ces corvées sont toutes agréables et joyeuses, mais la plus joyeuse et la plus agréable, c’est l’épluchette. Et d’abord on y va dans ses beaux habits, car la besogne est propre ; on y va avec plaisir, car le travail n’est pas rude et se fait à la soirée ; on y va souvent avec bonheur, en songeant d’avance aux douces faveurs attachées au blé d’Inde rouge. Et qui n’a pas l’espoir de déterrer, sous ces feuilles crépitantes, dans ces aigrettes de soie moelleuses, le précieux épi aux grains de pourpre ? Et puis il y a, pour ceux qui sont un peu gloutons, la perspective de mordre à belles dents dans le blé d’Inde qui rôtit à la braise, ou bout