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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Compatriote, dit-il en français, tu me crois plus méchant que je suis, je t’offre la liberté.

— La liberté ! dis-tu, mais à quel prix ?

— Pars ! tu es libre. Et il coupa, d’un coup de couteau, les liens qui l’attachaient à l’arbre. Le grand-trappeur eut envie de se jeter sur lui et de l’étrangler. Plusieurs indiens arrivèrent armés de fusils.

— Pars, dit le vieux chef, va-t-en de ce côté — il montrait le bois — éloigne-toi vite, car nous ne voulons plus te revoir. Si tu suis les bords du lac, tu seras tué, car mes guerriers sont là qui t’attendent.

— Et de ce côté, demanda le grand-trappeur il n’y a personne qui me guette pour me tuer ? dit-il avec ironie.

— Personne ! répondit je traître Hibou blanc.

— Mourir pour mourir, pensa le prisonnier, il vaut mieux être tué par une balle que servir de jouet et de cible aux couteaux de ces chiens.

— Donne-moi un fusil, de la poudre et du plomb ! demanda-t-il.

On lui donna ce qu’il voulait.

— Au revoir, dit-il, et il s’élança, libre comme l’oiseau, dans la forêt qu’il aimait tant.