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PICOUNOC LE MAUDIT.

cela, elle pleurait ; mais elle restait debout. Nos amis que nous avions à souper avec nous, avaient des larmes plein les yeux : Que c’est consolant, dit l’un d’eux de voir un pareil retour à la vertu ! Mon camarade et moi, nous nous mordions la langue pour nous faire pleurer, et nous avions envie de rire…

— C’est cela ; la vérité m’oblige à dire que tu racontes avec une verve et une fidélité étonnantes, observa le grand.

— Fort bien dit le bossu.

— Asselin, reprit le conteur, regarda sa femme longtemps. Elle avait l’air bien peinée. On voyait qu’il était partagé entre l’envie de la renvoyer et le plaisir de la reprendre. À la fin, il s’écria avec une certaine émotion et en ouvrant les bras : Viens sur mon cœur ! Je ne te reconnais point ; mais je n’ai rien à y perdre !…

— C’est vrai comme vous êtes un honnête homme ! glissa le grand.

— Nos amis mouillaient leurs mouchoirs, non ! la manche de leur vareuse, car ils n’avaient pas de mouchoirs, et, nous nous mordions toujours la langue pour ne pas rire… La