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PICOUNOC LE MAUDIT.

vous que je suis presque heureux des malheurs qui fondent sur vous ? Ils me fournissent l’occasion de vous faire du bien…

— Que vous êtes bon !

— Soyez donc reconnaissante ! et…

— Et quoi ? reprit la veuve avec timidité…

— Et prouvez-moi votre reconnaissance en accédant à mes vœux.

— J’ai peur de finir par laisser paraître trop ma faiblesse… ou ma gratitude.

— Noémie ! que je serais heureux !…

— Si Dieu le veut, vous le serez !

Picounoc sortit plus rayonnant que jamais. Décidément la fortune tournait en sa faveur, et son regard perçant pouvait entrevoir les premières lueurs de la félicité, à travers les brumes de l’horizon. Il avait manœuvré habilement, et se trouvait en vue du port, après avoir franchi mille écueils, et vogué des années sur une mer sans bornes. Vingt ans il avait ourdi et déroulé des trames pour surprendre cette femme trop fidèle à son premier amour. Il n’avait trouvé qu’un chemin pour arriver à son cœur : le chemin de la reconnaissance.